La famille Bollée

Publication du jeudi 13 janvier 2022

Issue d’une famille de fondeurs de cloches d’origine champenoise (originaire de Haute-Marne), la branche mancelle des Bollée se distingue par une cohésion familiale forte, où la solidarité entre les générations et l’émulation au sein des fratries constituent le creuset d’un génie exceptionnel.

Pendant cent cinquante ans, ses membres s’illustrent dans l’ingénierie, l’innovation technologique et la révolution des transports.

En hommage à Gérard Bollée, décédé le 31 décembre dernier à l’âge de 94 ans, retrouvez aujourd’hui un ensemble de documents relatifs aux Bollée, véritable dynastie d’inventeurs et d’ingénieurs.

 

Visuel : « Legs Bollée, le serment des segments », article de Jacques Guichard extrait du Maine Libre, numéro du 3 février 2005 (Archives départementales de la Sarthe, Per 1069).

 Les archives familiales et techniques de la famille Bollée ont fait tout d’abord l’objet d’une convention de dépôt le 2 février 2005 entre Gérard Bollée (1927-2021), mandataire de ses deux frères, Jacques (1925-2013) et François (1931-2016), et le Département de la Sarthe. En 2012, ce dépôt a été transformé en donation, à la demande de la famille Bollée. Grâce à ce don, un fonds riche et prestigieux est entré dans les fonds d’archives du Département. 

Le fonds Bollée, conservé aux Archives départementales sous la cote 105 J, comprend, en plus des archives papier (représentant environ 50 mètres linéaires) et d’une trentaine d’objets, plus de 5300 plans et près de 2400 autres documents iconographiques (essentiellement photographiques).


 

Visuel : Gérard Bollée, « Pour reconnaître les Bollée », texte extrait du Catalogue méthodique des archives familiales et industrielles, ITF Imprimeur, 2016.  

 En préambule au Catalogue des archives Bollée, Gérard Bollée rédige un texte intitulé « Pour reconnaître les Bollée », destiné à apporter un éclairage généalogique. Les différents membres de la famille Bollée sont des génies en mathématiques ou en physique et sont, par ailleurs, dotés, grâce à leur formation liée à la tradition familiale, de hautes compétences en mécanique. Ils sont ainsi en mesure de donner des applications concrètes à des théories, dans des domaines aussi divers que le cyclisme, la photographie, l’aviation ou l’automobile.

Chercheur passionné, consciencieux, soucieux de vérité et infatigable, Gérard Bollée a notamment rédigé des articles pour la Revue historique et archéologique du Maine et La Vie mancelle et sarthoise. En 2011, il est l’auteur d’un livre co-écrit avec Michel Bonté, Il était une fois… les Bollée : hommes de légende.

 Arrière-arrière-petit-fils d’Ernest-Sylvain Bollée (1814-1891), Gérard Bollée est né en 1927. Ingénieur de formation, il a été directeur de l’usine de segments Bollée d’Arnage. Le 17 avril 1992, Gérard Bollée est nommé chevalier de la Légion d’honneur.


 

Visuel : portrait d’Ernest Sylvain Bollée, lithographie, s. n., vers 1850 (Archives départementales de la Sarthe, 1 Num 20/33).

 

Originaire de Haute-Marne, Ernest Sylvain Bollée (1814-1891) est le premier membre de la famille à s’installer en Sarthe, tout d’abord à La Flèche. En 1842, il établit à Sainte-Croix (commune rattachée à celle du Mans en 1855) une fonderie de cloches dans le quartier Sainte-Hélène. Il réalise des commandes pour la cathédrale du Mans mais aussi pour le Canada et le Japon.

Ernest Sylvain s’intéresse également à la fabrication de béliers hydrauliques, destinés à pomper l’eau du sol en utilisant la pression, et à la production d’éoliennes, où l’action du vent entraîne le pompage de l’eau.


Visuel : Amédée Bollée père et fils au volant du Torpilleur, photographie, cliché Bollée, 1898 (Archives départementales de la Sarthe, 105 J 4883). 

 

Amédée Bollée père (1844-1917) avec son fils aîné Amédée (1867-1926) au volant d’un Torpilleur type Paris-Amsterdam (du nom de la course organisée en 1898), véhicule sur châssis type C avec carrosserie à étraves. La photographie a été prise devant le hangar construit en 1880 à gauche de l’entrée de l’usine au 99 avenue de Paris.    

La prospérité de la fonderie après la guerre de 1870 permet à Amédée Bollée père de se consacrer à la conception d’une voiture à vapeur stable et maniable. Il dépose son premier brevet automobile le 28 avril 1873 pour L’Obéissante. En 1875, ce véhicule à vapeur a fait le voyage Le Mans-Paris en dix-huit heures. Précurseur, il est reconnu « père de l’automobile » et décoré de la Légion d’honneur en 1901.

Son fils aîné, Amédée, lui emboîte le pas. Il consacre ses efforts à l’automobile à vapeur puis à essence. En 1895, il parvient à mettre au point un moteur à essence pour la Type 1.

Après la première guerre mondiale, en 1923, il se spécialise dans les segments, indispensables pour garantir l’étanchéité des pistons. Une usine est construite, au 99 avenue Bollée. L’usine est transférée en août 1990 sur le site de la Mancelle de fonderie à Arnage.

  


 

Visuel : portrait de Léon Bollée, photographie, cliché Eugène Pirou, Paris, 1910 (Archives départementales de la Sarthe, 105 J 4430).

Léon Bollée (1870-1913), deuxième fils d’Amédée Bollée père, est représenté ici portant la rosette de la Légion d’honneur.

Au cours de sa jeunesse, Léon Bollée invente un vélocipède nautique (pédalo) et diverses machines, notamment des machines à calculer dont l’une reçoit un premier prix à l’Exposition universelle de Paris en 1889. En 1896, il crée et commercialise un véhicule à trois roues, la Voiturette, avant de concevoir une voiture de plus grande ampleur en 1903. En 1908, il invite les frères Wright, pionniers de l’aviation, au Mans.

 


 Visuel : La famille Bollée dans L’Obéissante sur une route de campagne, photographie, cliché Gustave Cosson, 1873 (Archives départementales de la Sarthe, 105 J 4728).

   

Plusieurs membres de la famille Bollée, accompagnés par des amis, voyageant en 1873 à bord de L’Obéissante : à l’avant du véhicule, de gauche à droite Auguste, Amédée père et Ernest Jules.

Conçue en 1873 par Amédée Bollée père, L’Obéissante est la première voiture à vapeur pour voyageurs. Elle est prévue pour transporter jusqu’à seize personnes (dont le chauffeur et le conducteur). Elle pèse 4200 kilos à sec, se déplace à une vitesse de 30 à 40 kilomètres par heure et dispose de quatre roues motrices.

L’Obéissante étant le premier véhicule automobile à rouler sur la voie publique, Amédée Bollée père doit obtenir l’accord du préfet pour circuler et traverser neuf départements jusqu’à Paris.

Un catalogue des archives familiales et industrielles du fonds Bollée (2 volumes et 1 DVD sous étui cartonné) a été publié.

 

Pour plus d’informations concernant ce catalogue, vous pouvez cliquer sur le lien suivant : http://archives.sarthe.fr/a/219/le-catalogue-bollee/

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