Napoléon et la Sarthe

Publication du jeudi 6 mai 2021

 

     À l’occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Ier, décédé le 5 mai 1821, découvrez une sélection de documents d’archives témoignant de liens entre l’empereur et la Sarthe.

 

Visuel : lettre de Napoléon Ier au général Savary, 8 mars 1809 (Archives départementales de la Sarthe, 1 J 1235).

 

Dans cette lettre adressée au général Anne Jean Marie René Savary (1774-1833), Napoléon Ier (1769-1821) évoque des mesures à prendre contre des brigands qui sillonnent le département de la Sarthe : « il a paru trois ou quatre bandes de brigands de dix à douze hommes chouans. Mon intention est que 80 gendarmes d’élite partent demain à la pointe du jour et arrivent en six jours au Mans. Ils seront commandés par quatre officiers des plus intelligents. Je donne ordre également que 250 hommes du Dragons, qui sont à Tours, se rendent au Mans ; ils y seront dans trois jours, et que 200 hommes du 26ede Chasseurs se rendent à Angers ». 

La deuxième page de la lettre renferme un jugement de Napoléon assez vif à l’égard du préfet de la Sarthe, Louis-Marie Auvray (1762-1833), auquel il reproche sa grande clémence envers les brigands : « Je n’approuve aucune espèce de pardon que s’est permis le préfet de la Sarthe, il n’y a pas de pardon envers les criminels ; ils doivent être arrêtés, traduits devant les tribunaux et punis ».

Louis-Marie Auvray embrasse très tôt la carrière militaire. Il gagne très vite l’estime de ses supérieurs et tout particulièrement celle de Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul. Dans le contexte de la nouvelle administration départementale, ce dernier le nomme préfet de la Sarthe le 11 ventôse an VIII (2 mars 1800). Le baron Auvray offre un double profil de militaire et d’administrateur. Toutefois, mécontent de ses services, l’Empereur le destitue en 1813.     

La lettre a été rédigée par un secrétaire. Napoléon Ier a apposé sa signature, ou plutôt sa griffe. Au cours de sa vie, Napoléon a utilisé un grand nombre de signatures, écrivant parfois le prénom complet, ou bien l’abrégeant : « N », « Nap » (comme c’est le cas ici) ou bien encore «Napo ».

             Homme de confiance de l’empereur, le général Savary est nommé ministre de la Police, fonction qu’il exerce de 1810 à 1814.

 


Visuel : L’empereur Napoléon, gravure, Leloup imprimeur, début du XIXe siècle (Archives départementales de la Sarthe, 18 J 1500, fonds Paul Cordonnier).


Voici la reproduction photographique d’une gravure non datée (probablement des années suivant le sacre de l’empereur, le 18 mai 1804), représentant Napoléon Bonaparte, au temps où il était général « commandant en chef de l’armée d’Italie », en 1796-1797.            

Le fonds Paul Cordonnier, d’où est extrait ce document, est conservé aux Archives départementales de la Sarthe sous la cote 18 J. Il est l’exemple même d’un fonds d’érudit et historien local, renfermant un grand nombre de dossiers thématiques, classés par communes et composés de notes manuscrites, d’articles de presse, de croquis et de journaux, ainsi que de pièces d’archives.

Né à Saumur en 1896, Paul Cordonnier-Détrie a été notamment bibliothécaire de la ville du Mans (de 1936 à 1961), conservateur des musées du Mans (de 1938 à 1946) et président de la Société historique et archéologique du Maine de 1947 à 1980, année de son décès.

 

 



 Visuel : La Flèche, porte du Prytanée militaire, depuis la rue Henri IV, photographie, cliché anonyme, 1896 (Archives départementales de la Sarthe, 10 Fi 7/6)


Le roi Henri IV avait fondé en 1603 à La Flèche un Collège Royal des Jésuites. En 1808, Napoléon Ier décide de transférer le Prytanée de Saint-Cyr à La Flèche, dans deux quartiers, dont celui de l’ancien Collège. La photographie représente la porte du quartier historique du Prytanée (appelé quartier Henri IV), au centre de La Flèche, dans lequel sont installés le commandement, les classes préparatoires aux grandes écoles militaires, les ateliers et le centre médical.

Sous l’Empire, les cendres des cœurs du roi et de Marie de Médicis sont déposées le 6 juillet 1814 au Prytanée militaire de La Flèche. Elles ont été données par la veuve de Charles Boucher, un chirurgien fléchois qui les avait recueillies en 1793.


 

Visuel : portrait d’Anatole de Montesquiou par Auguste Legrand, lithographie de Petit et Cie, dans l’article de Fernand Letessier, « Le comte Anatole de Montesquiou, seigneur de Courtanvaux », extrait du Bulletin de la Société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1979 (Archives départementales de la Sarthe, BIB G 132).

Dans ses Souvenirs sur la Révolution, l’Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe, édités de manière posthume, en 1961, le comte Anatole de Montesquiou évoque l’incendie de Moscou, le 14 septembre 1812 : « Pendant cette marche contemplative, l’Empereur arrivait sur nos traces. Lui aussi, il voulait voir. Il regarda dans sa courte lunette de poche : puis il appela le duc de Vicence et fit apporter la grande lunette que portait toujours un page. Ce fut sur mon épaule qu’il la posa lui-même. J’en fus fort aise, parce que je pus profiter des explications données par le duc de Vicence, qui, en qualité d’ambassadeur, était mieux informé que personne de tous les détails de cette ville inconnue de nous tous. Pendant ce dialogue, je me disais : Ainsi donc, mon épaule heureuse était destinée à faciliter au grand Napoléon le spectacle de cette sublime proie […]. Quand l’Empereur eut cessé son examen et ses questions, il me dit : Montesquiou, allez-donc voir là-bas à gauche, ce singulier bâtiment, sachez ce que c’est ».

 


Visuel : L’Aiglon, vitrail d’Albert Echivard, carte postale, 1911 (Archives départementales de la Sarthe, 2 Fi 1362)            

Napoléon Ier et son épouse Marie-Louise (1791-1847) donnent naissance à un fils, prénommé également Napoléon (1811-1832). La mère d’Anatole de Montesquiou, Louis Charlotte Françoise Le Tellier de Courtanvaux de Montmirail (1765-1835), est aux côtés de l’impératrice au moment de l’accouchement, le 8 mars 1811.

Louise Charlotte Françoise de Montesquiou est chargée par Napoléon Ier, avec le titre de gouvernante des Enfants de France, de l’instruction de son fils Napoléon, prince impérial et roi de Rome. Elle exerce cette charge entre 1811 et 1815. Le prince impérial (appelé également l’Aiglon) surnomme tour à tour sa gouvernante « Maman Quiou » ou « Maman Mont ».

La carte postale reproduit, sans la couleur, un vitrail d’Albert Échivard (1866-1939), peintre et maître-verrier manceau. Il s’agit d’un portrait en pied de l’Aiglon, présenté au Salon des artistes français de 1911. En 1925, Albert Échivard offre ce vitrail au musée national de la Légion d’honneur, nouvellement créé.


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