La guerre franco-prussienne en Sarthe (1870-1871)

Bataille du Mans (11 janvier 1871), prise du plateau d'Auvours, estampe en couleurs, G. Germain, début du XXe siècle (Archives départementales de la Sarthe, 3 Fi 296).jpg

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L'entrée en guerre de la France contre la Prusse

Cet article est paru le 16 juillet 1870 dans le journal La Sarthe au lendemain de l’entrée en guerre de la France contre la Prusse.

L’auteur de l’article estime que c’est une décision heureuse et nécessaire. Selon lui, la Nation répondra à l’appel lancé par Napoléon III : « En 1859, l’Empereur partant pour la guerre d’Italie était salué de clameurs enthousiastes. En 1870, partant pour la guerre du Rhin, il sera plus vivement applaudi encore […]. La guerre est déclarée, nous dit-on. Tout est prêt, hommes et canons. Il n’y a plus qu’un seul cri : En marche ! ».

Le Commissaire central de police du Mans écrit dans un rapport daté du 25 juillet 1870 : « La guerre avec la Prusse est généralement bien accueillie par les populations qui la considèrent comme une nécessité et comme une légitime revanche de 1814-1815 ».

Lettre d'un soldat breton de passage au Mans, 6 septembre 1870

Voici l’extrait d’une lettre d’un soldat breton originaire des Côtes d’Armor, de passage au Mans, Yves Marie Thomas, incorporé au 71e de ligne, 8e compagnie et 3e bataillon de l’armée du Rhin.

Écrite le 6 septembre 1870, cette correspondance évoque une émeute au Mans à laquelle Yves Marie Thomas est directement confronté : « Nous stationnons longtemps au Mans, nous devions partir hier, lundi, mais comme la République est proclamée nous sommes obligés de rester ici encore quelques jours. Les habitants du Mans sont très exaltés. Il y a quelques émeutes […]. À neuf heures et demi, j’ai pris la garde, tout était encore tranquille, lorsque vers 10 heures et quart une bande de 2 à 3000 hommes ont passé auprès de moi, ils m’ont insulté, m’ont dit toute sorte de bêtise, arrivé à 20 pas de moi il y a 4 ou 5 qui se [sont] détournés vers moi et m’ont lancé quelques pierres, je n’ai reçu qu’une seule à la jambe, qui ne m’a pas fait grand mal, aussitôt j’ai armé mon fusil, j’ai mis une cartouche et quand ils ont entendu la manœuvre de la tabatière du fusil, ils se sont enfuis comme si 100 000 hommes couraient après eux ». Les émeutiers s’en prennent également aux statues de l’empereur Napoléon III : « ils ont enlevé les statues en bronze de l’Empereur et les ont pendus à une grosse corde, contre la grille de la Préfecture ».

Mise en place dès la déclaration de la guerre franco-prussienne de 1870, l’armée du Rhin est une unité militaire, commandée au départ par l’empereur Napoléon III lui-même.

Le camp de Conlie

Après la défaite de Sedan (1er septembre 1870), Léon Gambetta, ministre de la Guerre du gouvernement républicain, fait établir un camp militaire pour 60 000 soldats bretons à Conlie. Il s'agit de mettre en place une contre-offensive contre l'occupant prussien, présent aux portes de la ville d'Orléans. 11 camps de genre sont établis.

Cette carte en couleur, réalisée en mai 1871 par un agent-voyer M. Boussard, s'intitule « Plan du camp de Conlie et de tous les ouvrages de défense et d'aménagement exécutés lors de l'évacuation de cette position [fin janvier 1871] occupée par les contingents bretons ».

La première carte postale

Face à la pénurie de papier à lettre rencontrée par les soldats bretons du camp de Conlie, Léon Besnardeau (1829-1914), libraire à Sillé-le-Guillaume, a l’idée de découper de petits morceaux de carton d’un format de 10 x 7 cm. Il édite ainsi la première carte postale en France.

En 1871, Léon Besnardeau édite une deuxième carte postale, destinée à l’ensemble de l’armée française.

La classe 1870

L'extrait d'une liste du contingent pour la classe 1870. Jusqu'en 1872, pour effectuer leur service militaire, les jeunes hommes, âgés de 20 ans, sont tirés au sort. Il est toutefois possible de se faire remplacer, en désignant un remplaçant.

Le canon système de Reffye

Au cours de la guerre 1870 de 1871, l’ingénieur et inventeur Amédée Bollée père (1844-1917) modifie et perfectionne le canon système de Reffye, appelé plus communément mitrailleuse.

Il ajoute pour cela une enveloppe extérieure aux tubes, emplie d’eau circulant vers un dispositif de refroidissement, qui permet un tir plus soutenu.

Cette idée de perfectionner la mitrailleuse est venue à Amédée Bollée père lors d’une visite aux États-Unis à la fin de la guerre de Sécession (conflit qui prend la forme d’une guerre civile entre le Nord et le Sud, de 1861 à 1864).

Au cours de ce voyage, il constate que le Sud a perdu la guerre faute d’industrie d’armement lourd. Dès lors, il s’intéresse à la question de l'utilisation de mitrailleuses pour l’armée française.

La photographie a été prise dans le jardin d’Amédée Bollée père, au 81 bis avenue de Paris, dans les années 1885-1890.

Un exemplaire de ce canon est offert par Amédée Bollée fils (1867-1926) au musée de l’Armée à Paris par lettre du 12 décembre 1918 et expédié en juin 1919.

Le courrier ci-contre, en date du 16 démbre 1918, est signé par le général de division Gustave Léon Niox (1840-1921), directeur du musée de l'Armée. Ce dernier adresse à son destinataire ses plus vifs remerciements suite au don du canon.

La photographie ci-contre représente Amédée Bollée père assis à côté d'Amédée Bollée fils, vers 1895.

 

Les pelotons de guetteurs

Ce courrier du préfet de la Sarthe Georges Le Chevalier (1839-1909), en date du 5 octobre 1870, s’adresse aux maires des communes sarthoises et évoque la constitution de pelotons de guetteurs.

 

Les premiers Prussiens pénètrent à la fin du mois de novembre 1870 à l’est du département. Cette période d’occupation est marquée notamment par des combats violents, exactions, pillages et réquisitions de denrées. Un armistice est signé le 28 janvier 1871. Les brutalités commises par les Prussiens s’atténuent après cette date.

Les aérostats

Durant la guerre de 1870, plus particulièrement entre septembre 1870 et janvier 1871, la ville de Paris est encerclée. Des aérostats permettent le transport du courrier (sous forme de dépêches télégraphiques, le plus souvent) et de passagers, mais aussi l’exécution de missions militaires. 

Dernier des 67 ballons à s’envoler de Paris au cours du conflit, le Cambronne prend son envol le 28 janvier 1871, piloté par Auguste Tristant ; il transporte 20 kilos de courrier. Après avoir effectué un vol de 253 kilomètres, l’aérostat atterrit à Sougé-le-Ganelon.

Afin d’éviter qu’elles ne tombent aux mains des Prussiens, les dépêches sont rapidement récupérées par le maire de la commune, l’historien Pierre Moulard (1822-1899).

Des pigeons voyageurs sont également mis à contribution à cette époque.

C’est en 1870 que naît la poste aérienne, par application de deux décrets du 27 septembre 1870 de l'administration des Postes du Gouvernement de la Défense nationale.

La photographie aérienne apparaît également, comme en témoignent les clichés réalisés par Nadar (1820-1910), de son véritable nom Félix Tournachon.




La dépêche ci-contre a pour objet la chute d’un aérostat, Le Newton. Piloté par Aimé Ours et Amable Broussseau, il prend son envol le 4 janvier 1871 depuis la gare d’Orléans à Paris et atterrit en catastrophe à Digny (Eure-et-Loire), après avoir parcouru près de 110 kilomètres. L’aérostat transportait 310 kilogrammes de dépêches et quatre pigeons. Le brouillard a permis de cacher l'aérostat à la vue d'un convoi prussien. Après s'être cachés dans une ferme, les deux pilotes mettent les dépêches et l'appareil à l'abri.

 

Léon Gambetta s'envole de Paris en aérostat

Le 7 octobre 1870, tandis que Paris est tombé aux mains des Prussiens, Léon Gambetta, membre du gouvernement de la défense nationale et ministre de l'intérieur, s'envole depuis la place Saint-Pierre-Montmartre dans un ballon, dont le diamètre est de 16 mètres.

Le but est de quitter Paris pour se rendre à Tours où le gouvernement s’est replié mais le voyage ne s’effectue pas sans danger, puisque les Prussiens tirent sur le ballon. L’aérostat finit par atterrir près de Montdidier (dans le département de la Somme).

Pour regagner Tours, Léon Gambetta prend le train et passe par Rouen et Le Mans.

René Dagron : aéronaute et inventeur du microfilm

Né le 7 mars 1819 à Beauvoir (réunie aujourd’hui avec la commune d’Aillières), René Dagron est l’inventeur du microfilm, dont le premier brevet est déposé en 1859.

Dans un article paru dans le journal La Sarthe en 1941, l'érudit Paul Cordonnier-Détrie (1896-1980) écrit : « M. Dagron fut pourtant l’un des aéronautes du siège de Paris, en 1870 ; il fut surtout l’inventeur de la photographie microscopique et il l’appliqua à la reproduction des dépêches ».

René Dagron a également réalisé des bijoux photographiques, où les photographies microscopiques doivent être visionnées au moyen d’une loupe ou microscope de Stanhope. Lors de l’exposition universelle de 1867, il présente une photographie microscopique d’une largeur d’un millimètre qui représente les portraits des 400 députés.

Il décède à Paris en 1900, à l’âge de 81 ans.

La bataille du Mans

Le 1e janvier 1871, les Prussiens, sous le commandement du prince Frédéric-Charles de Prusse (1828-1885), marchent vers le Mans pour enrayer la constitution d’une 2armée de la Loire dirigée par le général Antoine Chanzy (1823-1883).

Cette armée de la Loire a pour objectif de libérer Paris de l’occupant prussien. Les effectifs de la 2e armée de la Loire représentent 150 000 soldats, dont un tiers sont inexpérimentés et n’ont jamais combattu. Autre désavantage, leur équipement est vétuste et les fusils se chargent par la bouche (contrairement aux fusils Chassepot qui eux se chargent par la culasse).


Parue sous la forme d’une carte postale, cette estampe patriotique du début du XXe siècle montre le courage des soldats français, munis de sabres et fusils à baïonnettes, montant à l’assaut des lignes prussiennes.

Carte de la bataille du Mans

La bataille du Mans se déroule les 11 et 12 janvier 1871, sur le plateau d’Auvours à Champagné et aussi dans les communes de Changé et d’Yvré-l’Évêque.

C’est une rude défaite pour l’armée française. On déplore 29 000 soldats français tués, blessés ou prisonniers. Les Prussiens prennent 17 canons et deux drapeaux.

Un tiers des soldats de l’armée de la Loire font le choix de déserter. Ceux qui sont restés dans les rangs de l’armée se replient vers Laval en abandonnant du matériel et des pièces d’artillerie. Le 13 janvier, les Prussiens parviennent de nuit à s’emparer du camp de Conlie où sont cantonnés des soldats réservistes bretons.  

Le château d'Ardenay

Le quartier général du prince Frédéric-Charles de Prusse est établi au château d’Ardenay, qu'il a réquisitionné à cet effet au moment de la bataille du Mans.

Les méfaits de l'invasion prussienne

Voici une lettre envoyée le 18 février 1871 par M. Montigny, chef de cabinet du sous-préfet de La Flèche, à une connaissance résidant dans la Nièvre. Il y est question des méfaits commis par les Prussiens et des difficultés sanitaires qui ont affecté la commune de La Flèche et les environs.

 

L'hôpital civil de La Ferté-Bernard

L’hôpital civil de La Ferté-Bernard accueille au cours de la guerre 1870-1871 des soldats allemands blessés, ainsi que le montre cet état nominatif pour le 1er trimestre 1871.

Le récapitulatif dévoile le nombre des journées d’accueil de blessés : 63 journées pour les officiers, 139 pour les sous-officiers, 1119 pour les brigadiers, caporaux et soldats. Cela représente un total de 1311 journées.

Les premiers combats de la guerre 1870-1871 ont eu lieu en Sarthe à La Ferté-Bernard et Saint-Calais, au mois de novembre 1870. A la fin de la guerre, 89 communes sarthoises recueillent les dépouilles mortelles : 5914 militaires français et prussiens.

Le monument Chanzy

Le monument Chanzy, commémorant le général Antoine Chanzy et la 2e armée de la Loire, a été inauguré au Mans, place de la République, en 1885.

Cette photographie a été prise en 1885 lors de l'installation du monument par Amédée Bollée Père (1844-1917).


La statue en bronze du général Chanzy est l'oeuvre du sculpteur valenciennois Gustave Crauk (1827-1905). Elle surplombe un socle gravé en pierre au pied duquel se tient un groupe de soldats. Ce groupe, également en bronze, a été sculpté par Aristide Croisy (1840-1899), originaire des Ardennes.

Les 14 personnages, certains en train de combattre, les autres blessés sont très divers : fantassins, artilleurs, cavaliers, « mobiles » et marins. Un officier se tient drapé dans les plis du drapeau tricolore, symbolisant ainsi la défense de la patrie. Un cheval blessé est couché à terre.

L’artiste a choisi d'évoquer combat héroïque, où chaque soldat est résigné à se battre jusqu’à la dernière cartouche.

 

  

Diplôme décerné par le livre d'or du dévouement patriotique

Ce diplôme (appelé également gravure commémorative) a été adressé à Pierre Dobert, né à Vion, ancien combattant de la guerre 1870-1871 par le livre d’or du dévouement patriotique « en souvenir de la médaille de la guerre 1870-71 qui lui a été décernée pour ses bons et loyaux états de service et pour sa belle conduite pendant la durée de la guerre ».

 

Les commémorations

Ces cartes postales du début du XXe siècle témoignent des commémorations de la guerre 1870-1871 ou des événements survenus au cours du conflit.

Cliquez sur les vignettes pour agrandir les images.

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