Anatole de Montesquiou (1788-1878), conseiller général de la Sarthe et militaire

Publication du 21 mai 2020

 

   Découvrez aujourd’hui Anatole de Montesquiou, dont le portrait offre plusieurs profils : militaire ayant combattu avec éclat dans l’armée napoléonienne, érudit et homme de lettres traducteur de poésie italienne.

 

 

  • Aux côtés de Napoléon Ier

     Né à Paris, Ambroise Anatole Augustin de Montesquiou-Fézensac (1788-1878) s’engage en 1806 dans l’armée napoléonienne et gagne très vite la confiance de l’empereur au cours des campagnes, par son engagement qui lui vaut d’acquérir rapidement des grades. C’est ainsi qu’il est décoré après la bataille d'Essling en mai 1809.

     Nommé officier d'ordonnance auprès de Napoléon, il combat à Wagram en tant que capitaine, participe comme chef d’escadron aux différentes campagnes de Russie en 1812 et d'Allemagne en 1813, avant de devenir colonel, puis aide de camp.

   Après la chute de l’Empire, Anatole de Montesquiou reste attaché à l’empereur, qu’il souhaite suivre dans son exil à l’île d’Elbe. Cette faveur ne lui est pas accordée. Il part résider en Autriche, à Vienne, son nom étant au moment de la Restauration porté sur la liste des fidèles à Napoléon Ier désormais proscrits. Grâce à l’intervention de son oncle l’abbé de Montesquiou, Anatole de Montesquiou peut rentrer en France.

 

  • L'incendie de Moscou 

     Dans ses Souvenirs sur la Révolution, l’Empire, la Restauration et le règne de Louis-Philippe, édités de manière posthume, en 1961, le comte Anatole de Montesquiou évoque l’incendie de Moscou, le 14 septembre 1812 : « Pendant cette marche contemplative, l’Empereur arrivait sur nos traces. Lui aussi, il voulait voir. Il regarda dans sa courte lunette de poche : puis il appela le duc de Vicence et fit apporter la grande lunette que portait toujours un page. Ce fut sur mon épaule qu’il la posa lui-même. J’en fus fort aise, parce que je pus profiter des explications données par le duc de Vicence, qui, en qualité d’ambassadeur, était mieux informé que personne de tous les détails de cette ville inconnue de nous tous. Pendant ce dialogue, je me disais : Ainsi donc, mon épaule heureuse était destinée à faciliter au grand Napoléon le spectacle de cette sublime proie […]. Quand l’Empereur eut cessé son examen et ses questions, il me dit : Montesquiou, allez-donc voir là-bas à gauche, ce singulier bâtiment, sachez ce que c’est ».

      Par ailleurs, la mère d’Anatole de Montesquiou, Charlotte Le Tellier, est chargée par l’empereur, avec le titre de gouvernante des Enfants de France, de l’instruction de son fils Napoléon (1811-1832), prince impérial et roi de Rome. Ce dernier la surnomme tour à tour « Maman Quiou » ou « Maman Mont ».

 

  • Une carrière politique

    En 1816, le comte Anatole de Montesquiou est nommé aide de camp du duc d'Orléans (futur Louis-Philippe, roi des Français), puis chevalier d'honneur de la duchesse d'Orléans (future reine des Français) en 1823. Ayant gagné la confiance de la famille d’Orléans, Louis-Philippe, lors de son avènement au trône en 1830, charge Anatole de Montesquiou de la reconnaissance du nouveau gouvernement auprès des cours de Rome et de Naples.

     Le 2 avril 1831, il est promu par Louis-Philippe au grade de maréchal de camp et reçoit la plaque de grand officier de la Légion d’honneur.

    Anatole de Montesquiou est élu député de la Sarthe en 1834, 1837 et 1839. Louis-Philippe l'élève à la pairie en 1841. Il devient grand d’Espagne et marquis espagnol en 1847. Son fils, le comte Napoléon de Montesquiou-Fézensac, lui succède à la Chambre des députés.

  Général de brigade, le comte de Montesquiou est mis d'office à la retraite le 8 juin 1848. Il accompagne Louis-Philippe lors de son exil et ne retourne en France qu'après la mort du roi en 1850. De 1864 à 1869, Anatole de Montesquiou dirige la Société de secours aux blessés militaires (qui devient en 1940 la Croix-Rouge française).

    Anatole de Montesquiou meurt en 1878 dans son château de Courtanvaux, à Bessé-sur-Braye.

 

  •  Le goût des belles-lettres

    Outre son action politique et militaire, le comte Anatole de Montesquiou se consacre à l'étude des arts et des belles-lettres, notamment lorsqu’il rentre en France après son exil viennois de 1815. Il publie, entre 1843 et 1845, sous le nom de Sonnets, Canzones et Triomphes, trois volumes de traductions en vers de poèmes italiens et de poésies latines de Pétrarque.

     La lettre ci-contre est une lettre adressée par l’helléniste Félix Dehèque (1794-1870) à Anatole de Montesquiou en remerciement de l’envoi de deux volumes de vers : « En m’envoyant vos deux beaux volumes de Pétrarque, vous m’avez fait un bien sensible plaisir. A mesure que j’avance dans la lecture de ces charmantes poésies, ma reconnaissance s’augmente de tout le plaisir qu’elle me donne ».

     Sous le nom de Chants divers, paru en 2 volumes en 1843, Anatole de Montesquiou regroupe de nombreux poèmes épiques et lyriques, des odes, des chansons et élégies célébrant la gloire des armées de l’empire. S’agissant d’œuvres en prose, outre ses Souvenirs, le comte de Montesquiou est l’auteur de La galerie des tableaux du duc d’Orléans et d’œuvres dramatiques : Monsieur de Fargues (1852), Un Crime (1853) et Les Semblables (1853). Il présente deux fois sa candidature à l’Académie française, en 1858 et 1870, sans succès.

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